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Introduction

Le dessin de 1934 a des rapports étroits avec un grand nombre d'autres oeuvres de Picasso, dans une proportion bien plus élevée qu'aucun autre tableau connu. Sa découverte nous donne donc une clé de première importance pour déchiffrer le symbolisme de Picasso.

On trouvera ci-dessous une brève étude de quelques-uns des exemples les plus intéressants de ces correspondances symboliques. L'étendue et la complexité de ces correspondances, à mon avis, montrent sans l'ombre d'un doute que Picasso est bien l'auteur de ce dessin. Une grande partie de ces informations ont paru pour la première fois dans un rapport qui a été distribué aux plus grands experts mondiaux de Picasso en 1993. Il est surprenant de constater que la plupart de ces experts ont refusé de réagir à ce rapport, qui peu de temps après a été interdit par la Succession Picasso.

Les renseignements qui suivent sont mis gratuitement à la disposition de tous ceux qui s'intéressent à Picasso et à son art.

Le Dessin de 1934 et ses correspondances dans l'oeuvre de Picasso:

1. L'enterrement de Casagemas (Évocation) 1901 L'enterrement de Casagemas est souvent cité comme le premier tableau de Picasso évoquant un exorcisme. Il représente l'ascension de l'âme de l'ami de l'artiste, Casagemas, qui s'était tué d'une balle dans un café de Paris en 1901. Deux thèmes importants de ce tableau se retrouvent dans le Dessin de 1934, à savoir le couple enlacé dans la partie inférieure gauche et le cavalier crucifié dans la partie supérieure au centre. Le cavalier crucifié représente l'âme de l'individu ; il s'agit d'un symbole que l'on retrouve dans le symbolisme occulte ainsi que dans des dessins et tableaux antérieurs de Picasso où l'on peut suivre les différents stades de son développement.

2. L'embrace. 1901 Picasso a exécuté de nombreuses études et tableaux sur le thème des amants enlacés, comme on le voit en particulier dans sa composition la plus évocatrice à cet égard, La Vie. Cette étreinte se rattache en partie au symbole de la grossesse, et il réapparaît d'une façon complexe et étonnante dans le Dessin de 1934. Les silhouettes enlacées, à peine ébauchées, présentent une profusion de traits cachés parmi lesquels ont devine une bouche qui montre les dents, une flamme, une vulve ouverte ainsi qu'un chiffre 13 inscrit en biais. Le chiffre 13, le chiffre de la carte de la mort dans le jeu des Tarots, dont la présence indique la mort de la relation entre les amants et, peut-être, la mort de leur enfant encore à naître.

3. La Vie, 1903 Voici encore un autre tableau dit d'exorcisme. Il représente deux femmes, l'une nue et étreignant à demi son amant, tandis que l'autre est vêtue et porte un bébé dans ses bras. L'artiste Casagemas se tient entre les deux femmes, montrant le bébé du doigt. A l'arrière-plan on voit deux toiles, l'une montrant un couple affligé, l'autre un personnage effondré en larmes. Des études préparatoires pour ce tableau montrent clairement que l'artiste représenté devait à l'origine être Picasso, dont la maîtresse est représentée sur le tableau dans un état de grossesse avancée. Dans l'une de ces études, le personnage masculin lève les bras au ciel dans une pose suggérant la crucifixion, thème central du Dessin de 1934. Il ne fait pas de doute que le Dessin est une reprise de La Vie, tableau dans lequel l'artiste est représenté à la même place entre les deux personnages féminins, et, faisant face à une grossesse, il tend le doigt vers sa maîtresse enceinte. Bien que le thème de la grossesse ne soit pas immédiatement apparent, on y voit une allusion dans l'attitude du personnage féminin de gauche, qui soutient son ventre légèrement convexe, ainsi que dans le biberon caché dans la partie centrale et supérieure du tableau. Dans les deux oeuvres, les personnages situés au centre et à gauche semblent très inquiètes des conséquences de leur mutuelle attraction sexuelle, tandis que le personnage de droite semble représenter une menace sous les traits du partenaire lésé par l'infidélité de l'autre. Dans La Vie, on trouve une suggestion supplémentaire que le personnage de droite présage un avenir sombre.

4.Phallus et Nu, 1903. Ce dessin érotique de Picasso datant de 1903 présente des ressemblances évidentes avec le personnage féminin de droite en lien avec le phallus caché au centre du dessin de 1934.

5. Le Maquereau, 1903. Il existe au moins deux dessins sur le même thème érotique d'une relation sexuelle entre une femme et une créature aquatique. Dans le Dessin de 1934 on trouve une variante cachée et choquante de ce type. La partie de devant des jambes du personnage féminin de droite prennent la forme d'une bouche de poisson ouverte, d'où émerge une longue langue qui semble être une extension ou une inversion du vagin de la femme. La langue semble lécher la colonne noire qui se dresse verticalement au centre du dessin, et qui, en raison de sa position, semble représenter un énorme flot de sang jaillissant de la zone sombre, en forme d'amande au-dessus du pot de peinture de gauche au centre du ventre du personnage, qui semble symboliser la blessure du coup de grâce dans le flanc du Christ. Dans les études de crucifixion de 1938, on peut voir un personnage féminin, que l'on peut identifier avec Marie-Madeleine, buvant de la même manière avec extase le sang qui s'écoule de la blessure du Christ.

6. Les Demoiselles d'Avignon, 1907. Les Demoiselles d'Avignon est encore un autre célèbre tableau de Picasso qui présente une relation importante dans sa composition avec le Dessin de 1934. Comme nombre des autres exemples cités ici, ce tableau montre à quel point toute sa vie Picasso a travaillé et retravaillé une poignée de structures, de thèmes et de motifs récurrents. Dans le cas présent, les personnages central de chaque tableau fait penser à une crucifixion tandis que le personnage de droite semble émerger de derrière un rideau. En outre, le crâne et le marin que l'on voit dans les études préparatoires aux Demoiselles d'Avignon ont un rapport étroit avec le crâne caché et les images maritimes du Dessin de 1934.

7. Décor pour le spectacle Parade, 1917. Cette composition complexe a bon nombre de symboles en commun avec le Dessin de 1934. Citons : un cheval, un toréador, un marin, un rideau, une échelle, un ange et un chien. En outre, dans l'une de ses études préparatoires (voir ci-dessous), Picasso représente une échelle surmontée d'une étoile, symbole des différents degrés du processus alchimique et but final de la révélation mystique. Cette symbolique alchimique est fortement associée à toute une gamme d'autres thèmes alchimiques que l'on trouve dans le Dessin de 1934.

8. Etudes de chevaux de Pantomime pour "Parade", 1917 et Images symboliques liées aux marionnettes. Picasso était fasciné par les marionnettes comme on le voit dans ses études de chevaux de pantomimes exécutées pour le ballet de Jean Cocteau, Parade, en 1917. Ces études ont fourni à Picasso l'occasion d'expérimenter librement avec un autre des ses sujets de prédilection, le cheval, symbole personnel de sexualité féminine, qu'il avait souvent représenté auparavant dans des scènes de corrida et de cirque. Le thème du cheval de pantomime apparaît à nouveau dans le Dessin de 1934, sous le forme d'un cheval de Picador caché partageant des parties de corps avec les deux femmes qui sont de part et d'autre. Et Picasso a même incorporé un jeu de mots autobiographique à cet extraordinaire amalgame : le personnage central, Picasso, semble à la fois chevaucher le cheval et contrôler les deux femmes comme un marionnettiste ; le personnage féminin de gauche, qui se tient à la tête du cheval, ressemble à une marionnette contrôlée par des ficelles qui descendraient de sa main droite, tandis que le personnage féminin de droite, à l'arrière du cheval, ressemble à une marionnette-gant contrôlée par une main cachée à l'intérieur de sa tête. Tout ceci est bien entendu une référence à Picasso qui tire les ficelles de ses marionnettes, et a des connotations magiques.

9. Etude de costumes pour Pulchinella, 1920. Pulchinella était le ballet préféré de Picasso, qui a travaillé à sa réalisation avec Diaghilev en 1920. Picasso avait emprunté des éléments de ses dessins de costumes pour l'un des personnages principaux du ballet, La Marchande de Poissons, et les a incorporés dans le personnage de gauche du Dessin de 1934, dont les pieds et le couvre-chef carré sont pratiquement identiques. En outre, le poisson qui apparaît dans le motif du costume semble avoir un rapport avec le poisson qui semble caché le long du bord droit du tableau et aux autres formes de poisson cachées dans la composition.

10. La danse, 1925 Il s'agit du tableau surréaliste le plus célèbre de Picasso, et l'un de ses préférés. A de nombreux égards, sa composition est identique à celle du Dessin de 1934. Dans les deux oeuvres, les trois personnages ont la même pose et la même position. On note que le profil au nez anguleux derrière le personnage de droite apparaît également sur le visage du personnage correspondant du dessin. Les deux oeuvres ont la même structure, le même positionnement des verticales et le même effet du sol qui semble s'éloigner. En outre, un certain nombre d'autres motifs cachés dans le tableau, tels qu'un poisson déguisé et une demi-lune apparaissent également dans le dessin, sous une forme différente et placés ailleurs. On trouvera dans l'index une autre étude de la relation entre La danse et le Dessin de 1934.

11. La Statuaire, 1925. Dans ce portrait de la femme de Picasso on voit un profil sombre, au nez anguleux, qui est en rapport avec un profil semblable sur la droite du Dessin de 1934 et avec un profil presque identique sur la droite des Trois Danseurs de 1925. Il s'agit là d'un trait assez rare dans l'oeuvre de Picasso, qui semble avoir un lien avec l'aspect négatif et destructeur de la relation entre Olga et Picasso.

12. Le Studio, 1925. Ce tableau contient de nombreux thèmes ayant trait aux rites initiatiques des sociétés ésotériques. Le parchemin, le livre ouvert, le bras sectionné, la tête et le carré du maçon sont des symboles occultes communs à un certain nombre de sociétés ésotériques. Quand il peignit Le Studio en 1925, Picasso avait des liens étroits avec le mouvement surréaliste, dirigé par André Breton. Breton avait tiré bon nombre de ses idées pour les Manifestes Surréalistes de l'alchimie et autres types de magie, et les surréalistes se voyaient volontiers comme des magiciens artistes ayant en commun une vision irrationnelle du monde par laquelle leurs oeuvres pouvaient avoir une influence magique sur le monde lui-même. Canseleit, célèbre alchimiste français de la même époque a décrit André Breton comme un chef de l'école des Alchimistes, à son égal. En 1920, Paris se trouvait depuis des décades au centre d'un renouveau des sciences occultes, qui attira Picasso, à travers ses relations avec les poètes Max Jacob, Alfred Jarry, Guillaume Apollinaire et, plus tard, avec les personnalités également attirées par le mysticisme de Erik Satie, Jean Cocteau et Erge Diaghilev. Picasso, fasciné par les mythes et légendes, s'y connaissait également en Tarots, chiromancie et astrologie. A l'époque des surréalistes, il était reconnu comme Mage et figure du père par bon nombre de membres du groupe, bien qu'il n'ait jamais fait partie du groupe lui-même. Il n'est pas impossible que Picasso ait été initié dans un autre groupe occulte aux environs de 1925, le mystérieux Prieuré de Sion, dont Jean Cocteau aurait été l'un des dirigeants. Le fait que le Dessin de 1934 renferme une telle quantité de thèmes alchimiques et magiques secrets ferait pencher en faveur d'une interprétation 'initiatique' de cette oeuvre, interprétation proposée pour la première fois par le spécialiste américain de Guernica, Melvin Becraft, dans une récente annexe à son ouvrage " Picasso's "Guernica", Images within Images."

13. La crucifixion, 1930. La crucifixion, de 1930, montre un certain nombre de symboles que l'on retrouve dans le Dessin de 1934, principalement l'échelle, le soleil et la lune déguisés, de part et d'autre du personnage crucifié ainsi que le picador à cheval avec sa lance.

14. Études de crucifixion des années 1930. Dans les études de crucifixion des années 1930, on trouve un symbolisme lié aux mastabas (monument funéraire trapézoïdal en Egypte) et à la figure du Christ crucifié. Ceci est nettement sous-entendu dans le Dessin de 1934 où l'on voit la main du peintre posée sur le manche du pinceau dressé comme un phallus, au centre de la composition. Il y a également une récurrence extraordinaire dans les Dessin de 1934 d'une forme très nette comme l'oeil d'un animal ou d'un démon qui apparaît d'abord dans deux des études de crucifixion de Picasso de 1932. Dans les trois cas l'oeil se présente comme une forme ovoïde blanche contenant une pupille noire et pointue.

15. La Suite Vollard. Nombre des gravures de la Suite Vollard, ainsi que toute une gamme d'autres oeuvres de Picasso de la même époque, représentent un vase de fleurs. Ce motif est également présent dans le Dessin de 1934 où il se trouve astucieusement déguisé et incorporé latéralement dans le bras du personnage féminin de droite. Le symbolisme des fleurs, d'après le spécialiste de Picasso Eberhard Fisch*, se rapporte à la beauté passagère de la femme et, implicitement, à l'aspect éphémère de l'amour lui-même. * lettre à l'auteur, 1993.

16. Gravures classiques des années 1920 et 1930. Un grand nombre des gravures et des dessins de Picasso exécutés dans les années 1920 et 1930 contiennent des représentations de mains qui semblent pratiquement identiques dans leur style à la main droite du personnage crucifié (vue à gauche) du Dessin. Picasso a particulièrement insisté sur les mains du personnage crucifié, qui semble en fait avoir trois mains, chacune dessinée dans un style différent. Cette insistance particulière sur les mains du personnage crucifié est une caractéristique qui a été relevée dans sa thèse de doctorat par Lydia Gasman (Mystery, Magic and Love in Picasso, 1925-1938: Picasso and the Surrealist Poets," Columbia University, 1981.

17. Le rêve, 1932. Le personnage de gauche du Dessin de 1934 est très semblable au tableau célèbre de Picasso, Le Rêve, de 1932. Il s'agit probablement du portrait le plus connu de la maîtresse de Picasso, Marie-Thérèse Walter. Les représentations de son buste, de l'inclinaison de sa tête et de ses mains jointes sont pratiquement identiques dans les deux oeuvres. En outre, le tableau contient un phallus caché dans la partie supérieure de la tête du modèle, que l'on retrouve comme motif de phallus caché dans le visage du personnage de droite du Dessin ainsi que dans un certain nombre d'autres motifs de phallus cachés dans le reste de la composition.

18. Le Meurtre, 1934 et La Mort de Marat, 1934. Ces dessins frénétiques, exécutés à la même époque traumatisante de la vie de Picasso, contiennent un récit de meurtre tout comme le dessin récemment découvert. Les personnages impliqués dans ce meurtre sont également identiques, Marie-Thérèse est la victime et Olga l'agresseur. Dans le dessin, l'attaque meurtrière est racontée de manière cachée, Marie-Thérèse semble être mortellement blessée par des fléchettes en forme de U qui se fichent dans son cou et son épaule, fléchettes qui symbolisent la paire de cornes du taureau et l'encornement du cheval dans une corrida. Les fléchettes semblent provenir d'une cachette de forme similaire derrière le dos d'Olga. L'attaque perpétrée sur Marie-Thérèse est aussi décrite dans les poèmes personnels de Picasso de 1935, dans lesquels elle est "réduite à l'état misérable du cheval blessé dans une corrida" et est "l'objet d'insultes et d'injures obscènes". Le couteau à découper dans ces deux dessins antérieurs semble avoir été incorporé de manière secrète dans l'oeuvre récemment découverte, où il apparaît sous la forme du nez en forme de couteau d'Olga, qui pointe ostensiblement dans la direction de Marie-Thérèse. * D'après une étude des poèmes de Picasso par Jose Barrio Garay, citée dans Hershel.B Chipp, Picasso's "Guernica", History, Transformations, Meanings. Thames and Hudson, 1989.

19. Minotaure avec Javelot, 1934. Dans ce dessin, exécuté quelques mois seulement avant le dessin récemment découvert, on trouve un motif de lance placé dans une position presque identique, horizontalement le long du bord supérieur de la composition. Dans le Dessin de 1934 la lance fait référence à une scène du Parsifal de Wagner. Le Minotaure avec Javelot de Picasso contient également un bras sectionné semblable à celui du Dessin.

20. Minotauromachie, 1936. Minotauromachie, souvent cité comme la gravure la plus importante du 20ème siècle, présente également de nombreuses ressemblances avec le Dessin de 1934. On retrouve encore une composition tripartite dans les deux oeuvres, et les principaux protagonistes sont presque identiques. La jeune fille aux fleurs qui tient une bougie, le Minotaure s'avançant à droite et les silhouettes du cheval blessé et de Marie-Thérèse en costume de toréador, ont un rapport très étroit avec celles du Dessin. Le costume de toréador est une récurrence du costume porté par le personnage de droite du Dessin et celle qui le porte, Marie-Thérèse, apparaît à gauche du dessin, sous les traits cachés du cheval blessé dans le corrida. On voit également des ressemblances entre le Minotaure et le taureau caché à l'extrême droite du Dessin, et d'autres ressemblances encore entre les chevaux qui occupent une position centrale dans chacune des deux compositions. En outre, le personnage ressemblant au Christ qui gravit une échelle dans Minotauromachie est étroitement lié au personnage crucifié sur une échelle dans le Dessin. Dans l'un et l'autre cas on peut identifier ce personnage à Picasso lui-même, dans un alter ego semblable au Christ. La bougie allumée de la jeune fille aux fleurs rappelle le motif en forme de flamme qui se trouve devant le personnage de droite du Dessin, personnage qui fait à son tour penser à la jeune filles aux fleurs à cause du bouquet caché derrière son dos. En outre, le navire qui sombre à l'horizon de l'océan dans la gravure rappelle les motifs marins du Dessin et les deux oiseaux perchés sur le rebord de la fenêtre rappellent les deux chouettes cachées dans le Dessin. Enfin, la construction sur la gauche, très semblable à la maison en flammes dans Guernica, rappelle un théâtre de marionnettes, ce qui rappelle à son tour les allusions aux marionnettes dans le Dessin. Ainsi que le montre cette longue suite de ressemblances, il existe un rapport vraiment très étroit entre le Dessin de 1934 et Minotauromachie.

21. Les illustrations de Picasso pour le poème de Paul Eluard : La Barre d'Appui, 1936 Deux caractéristiques de l'édition complète de ce poème de 1936 correspondent à des traits semblables dans le Dessin de 1934. L'empreinte digitale dans le panneau inférieur gauche correspond indirectement à l'empreinte cachée du Dessin. Et la mystérieuse inscription Kufique (ou Coufique)* dans le panneau supérieur droit de la gravure qu'on ne perçoit normalement que comme un détail, présente un rapport de similitude avec une inscription écrite à l'envers à l'intérieur de la manche du personnage à droite du dessin. Les alphabets magiques sont un outil habituel du mage et de l'alchimiste, et il semble très probable que ces inscriptions mystérieuses sont composées à partir d'un tel alphabet.

*Voir Alfred Barr in Picasso, "Fifty Years of His Art",1946.

22. Guernica, 1937. Picasso a incorporé les mêmes images et thèmes dans le Dessin de 1934 que dans Guernica et, à de nombreux égards, la composition est identique. Les bras sectionnés, les crânes subliminaux, les têtes de taureaux, les épieux et la division des zones claires et des zones sombres en diagonale, tous ces éléments, ainsi que bon nombre d'éléments de la structure sont communs aux deux oeuvres. Cette association est parfois rendue de façon cachée dans l'un ou l'autre des tableaux, ainsi par exemple, la femme à la lampe de Guernica, qui semble représenter Vénus, l'étoile du matin, est également une représentation métaphorique de Lucifer, celui qui porte la lumière et, dans le Dessin de 1934, elle réapparaît sous les traits du démon Lucifer portant une flamme sombre, en provenance du même quart supérieur droit du tableau. Il existe également une relation entre la lumière qui brille au-dessus du cheval dans Guernica et le soleil qui brille au-dessus de la tête de Marie-Thérèse, représentée comme une incarnation du cheval blessé. En raison de ces associations figuratives, structurelles et cachées, il ne fait aucun doute que le Dessin de 1934 est le principal précurseur de Guernica et de nombre des études préliminaires réalisées pour ce tableau. On trouvera une discussion détaillée de la relation étroite qui existe entre Guernica et le Dessin dans les deux textes mentionnés dans l'index.

23. Pêche de nuit à Antibes, 1939. Ce tableau, ainsi que des lithogravures postérieures de Picasso, contient le même motif de lumière en spirale que l'on voit dans le coin supérieur gauche du Dessin de 1934. En outre, les motifs cachés d'un poisson et d'un trident dans le Dessin correspondent à des motifs semblables dans le tableau, ainsi qu'à un certain nombre d'autres dessins de poissons datant de la même époque.

24. Composition avec Minotaure, 1936 (décor pour la pièce de Romain Rolland : Le 14 juillet) On voit dans cette image un cavalier crucifié semblable à celui du Dessin de 1934. Le motif se rapporte également à la carte du Soleil telle que dessinée par A.E. Waite pour le jeu de Tarots, qui montre un enfant à cheval les bras étendus, dans une attitude qui rappelle une crucifixion.

25. Grand air, Les yeux fertiles, 1936 Dans ce poème illustré, un personnage féminin avec des cornes arrache un oeil à un Bacchus qui lui fait face. Les deux figures symbolisent les opposés universels, mâle et femelle, le soleil et la lune, etc., tout comme les personnages de droite et de gauche du Dessin de 1934. Le sens de ce dieu borgne est à rattacher à l'intérêt de Picasso pour le thème de la cécité qui semble s'être manifesté pour la première fois à Horta ou à Barcelone en 1899 avec un portrait à l'aquarelle et au fusain d'un mystérieux borgne. Dans le Dessin de 1934, le thème de la cécité apparaît en plusieurs endroits, et plus spécialement dans la représentation du personnage central, qui semble être un peintre crucifié, que l'on peut identifier avec le Pendu du jeu de Tarots. On trouvera tous les détails à propos de ceci sous les rubriques La danse et Le Pendu, voir l'index.

26. Les compositions érotiques des années 1950 et 1960. De nombreuses compositions érotiques réalisées par Picasso dans les années 1950 et 1960 représentent une femme exposant son anus et sa vulve. Dans certaines de ces compositions, l'appareil génital est souvent inversé, avec l'anus apparaissant au-dessus de la vulve. Dans le Dessin de 1934 on voit un vagin et un anus inversés de la même façon, qui semblent cachés autour d'autres éléments de la composition. On peut voir la vulve comme étant la flamme devant le personnage féminin de droite, et l'anus comme la forme circulaire noire juste au-dessus de la vulve. Cette forme circulaire noire représente également l'oeil du taureau à droite ainsi que l'extrémité du bras sectionné du peintre.

27. La Paix, 1952. Ce célèbre tableau de Picasso, qui est la moitié de l'ensemble Guerre et Paix, contient une inversion inhabituelle du symbolisme du poisson et de l'oiseau dans lequel l'aquarium contient des oiseaux tandis que la cage aux oiseaux renferme des poissons. Le Dessin de 1934 tout comme Guernica renferment une inversion semblable. Dans le dessin, il semble y avoir un oiseau caché au-dessus d'une tête de poisson, et, dans Guernica, il semble y avoir un poisson au-dessus d'une tête d'oiseau. L'origine de cette inversion est probablement à rechercher dans le ballet Uspud, écrite n 1892 par un ami de l'artiste, Erik Satie. Voir Erik Satie dans l'index.

28. Le bestiaire de Picasso. Un grand nombre d'oeuvres de Picasso représentent des animaux qui, de temps en temps, ont un rapport étroit avec des thèmes importants. Le Dessin de 1934 présente une grande quantité de formes animales cachées, parmi lesquelles des taureaux, des chouettes, des poissons, des oiseaux, un cheval, un chien, un loup et même une araignée. Le dessin renferme probablement la plus grande concentration et variété de formes animales que l'on puisse trouver dans une seule et même oeuvre de Picasso, et il préfigure mystérieusement ses illustrations de 1936 pour l'édition spéciale par Ambroise Vollard de l'Histoire Naturelle de Buffon. Les formes animales cachées dans le dessin semblent avoir un rapport global avec les deux thèmes majeurs et liés de la mort et de la sexualité chez Picasso.

© Mark Harris, 1997.

Traduit par Joseph Rézeau, UFR Arts, Lettres et Communication, Université Rennes 2, France



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Prochaine: Les thèmes du Dessin de 1934



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