Guernica

Comme le dessin, Guernica renferme aussi beaucoup d’images et de thèmes cachés. Par conséquent, presque chaque ligne et chaque forme possède sa propre signification soit dans ce qui est représenté soit dans ce qui est caché.

Comparaisons :

Les thèmes de la mort, de la corrida et de la crucifixion sont communs aux deux tableaux.

Le taureau de Guernica ressemble beaucoup au taureau du dessin : tous deux sont énormes, représentés de profil, et se tiennent immobiles observant la scène qui se passe devant eux.

Il y a une grande similitude dans le contraste saisissant entre les zones éclairées et les zones d’ombre et dans les deux tableaux la lumière vient du haut.

Dans le dessin de 1934 et Guernica, il y a une deuxième tête de taureau dissimulée sous le cheval.

Dans Guernica, la tête de la femme tenant la lampe plonge vers le bas en partant tout en haut du coin droit, tout comme le fait la tête de Lucifer dissimulée dans le dessin. Lucifer signifie "le porteur de lumière" et est apparenté à Vénus, l’étoile du matin. Elle représente le mal du monde physique.

Dans Guernica, le guerrier tombé au sol présente une grande ressemblance avec la figure centrale du dessin de 1934 : tous les deux sont dans la position de la crucifixion et tous les deux tiennent des armes brisées. Le guerrier au sol tout comme la figure centrale du dessin ont aussi une relation avec Parsifal à cause de l’épée cassée dans la main. Il avait été donné à Parsifal une magnifique épée qui se brisa en deux à un moment crucial de la bataille.

Au centre de Guernica, il y a un crâne humain dissimulé à l’intérieur du corps et des jambes du cheval blessé..

Au centre des deux oeuvres le cheval et le crâne se superposent de la même manière.

Dans Guernica le cheval a été touché par une lance, un symbole représentant Picasso - les quatre premières lettres de son nom signifiant lance en espagnol. La pointe en forme de losange de la lance représente Arlequin qui comme le Christ possède un pouvoir mystique sur la mort.

La lance de Guernica a aussi une parenté avec le large pinceau du dessin de 1934. Les deux ont été repeints sur le crâne à l’intérieur de la zone où est dissimulé le cheval. Dans Guernica nous trouvons le crâne transpercé par une lance à l’intérieur du cheval. Dans son enfance Picasso aura certainement associé le pinceau humide à une lance. Donc il semble plausible, d’après l’emplacement du pinceau dans le dessin de 1934, que la lance de Guernica soit aussi une représentation secrète du pinceau de Picasso, en partie à cause de sa ressemblance et en partie à cause des remarques faites par Picasso au sujet de la peinture comparée à une arme :

"Non la peinture n’est pas faite pour décorer des appartements ; c’est une arme offensive et défensive contre l’ennemi"

Au centre de la composition, la lance de Guernica pénètre une représentation secrète de Hitler et au centre du dessin de 1934 il y a aussi un portrait caché de Hitler.

Dans le dessin de 1934, Picasso s’approprie la lance de Klingsor qui est fortement associé à Hitler. Dans Guernica, l’artiste poursuit cette narration wagnérienne en frappant Hitler de la lance,qui se trouve désormais transformée en un talisman des symboles personnels et mystiques de Picasso.

Picasso restait très secret à propos des significations de Guernica et en aurait seulement parlé de façon cryptée et superficielle. Jusqu’à présent les mystères de ses images ont donné naissance à plus d’interprétations historiques qu’aucun autre tableau dans l’histoire.Il est étonnant de constater que presque toutes les interprétations savantes ne tiennent pas compte des images cachées de Guernica.

Traduit par Marie Christine CADEAU-CREMET

© Mark Harris, 1996.

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